Etudier les rapports entre lecteur et histoire, entre fiction et réalité, c'est apprendre à déjouer les pièges de leur interpénétration : quand cela mène à un pèlerinage à Baker Street sur les pas de Sherlock Holmes ou à Dublin sur les traces de Joyce, on en sourit. Quand cela conduit, via le {Protocole des Sages de Sion}, au génocide hitlérien, on en frémit. Eco démonte les mécanismes de lectures, illustre ses thèses avec une foison d'exemples hétéroclites - de Dumas à Poe, de Dante à Ian Fleming, du {Rocky Horror Picture Show} à {Guerre et Paix} et met à contribution le romancier Eco pour appuyer ses thèses. Le fil rouge de ces promenades, c'est {Sylvie}, dont Eco est épris depuis toujours. A travers une analyse brillante des "effets de brume" temporels dans lesquels Nerval a nimbé son récit, Eco tord le cou à l'idée préconçue qu'à trop vouloir décortiquer une oeuvre, on la tue. Au contraire. Plus on la soumet à la question, plus on en démonte les stratégies, plus la jouissance de lire est grande.