Voyageur fortuné, écrivain célèbre, proscrit de l'Autriche nazie : tout au long de son existence, le romancier du Joueur d'échecs, l'essayiste de Trois poètes de leur vie, a parcouru le monde, avide de comprendre les civilisations et les cultures, soucieux de frayer la voie à un nouvel humanisme. Dans ces récits, écrits entre 1904 et 1939, on trouve le reflet de cette passion et de cette espérance. A Salzbourg, à Séville, dans Ypres, la ville martyre de 1914-18, c'est la vieille Europe dont il magnifie la grandeur et pressent l'autodestruction. A Bénarès, c'est l'Inde mystérieuse où il cherche les voies d'une autre pensée. A Panama ou à New York, la modernité du capitalisme, l'audace de la technique ; à Moscou, le courage d'un peuple attaché à construire son destin. Et une véritable utopie, enfin, dans le jeune Brésil où il croit voir le creuset d'une société de progrès, d'égalité, débarrassée des préjugés raciaux ou nationaux... Par-delà le geste désespéré de Pétropolis en 1942, Zweig apparaît ici, plus que jamais, comme une des grandes consciences de notre siècle, le témoin d'une exigence humaine encore porteuse d'avenir.